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— Louise est venue me prévenir hier soir, dit Marc. J’aurais désiré faire comme vous, me rendre tout de suite auprès de la mourante. Mais il paraît que Mme Duparque a signifié sa volonté formelle de quitter immédiatement la maison, si j’osais y mettre les pieds, sous n’importe quel prétexte. Et Mme Berthereau, qui voulait me voir, je le sais, évite d’en témoigner l’envie, pour ne pas provoquer quelque scandale, autour de son lit de mort… Ah ! mon ami, la haine d’une dévote est décidément sans pardon.

De nouveau, ils marchèrent en silence.

— Oui, Mme Duparque fait bonne garde, reprit Salvan, j’ai bien cru un moment qu’elle ne me laisserait pas monter moi-même. Et elle ne m’a pas quitté, elle a surveillé mes moindres paroles à la malade et à votre femme… Elle se sent certainement moins forte, elle doit redouter une surprise possible, dans ce deuil dont la maison va être frappée.

— Comment ça ?

— Oh ! je ne saurais dire, c’est une simple sensation. Mme Berthereau, sa fille, va enfin lui échapper dans la mort, et elle peut craindre que Geneviève, sa petite-fille, se trouve elle-même en passe d’être délivrée.

Marc s’arrêta, le regarda fixement.

— Avez-vous donc remarqué quelque symptôme ?

— Eh bien ! oui. Mais j’étais résolu à ne pas vous en parler, car je serais désolé de vous apporter un faux espoir.. C’est à propos de cette procession, de cette idolâtrie en plein soleil, dont nous venons d’avoir le déplorable spectacle. Il parait que votre femme a refusé absolument d’y assister. Et voilà même pourquoi j’ai rencontré Mme Duparque chez elle, car vous pensez bien qu’elle tenait à se montrer au premier rang des dames pieuses, affichant leur foi. Mais, si elle s’était absentée une seule minute, elle aurait eu trop peur de voir quelque