Mais, à la suite des événements désastreux, le père Philibin convaincu de mensonge et de faux, le frère Fulgence compromis et escamoté, le frère Gorgias avouant presque, prenant la fuite, une révolte avait rendu le curé de Maillebois à la certitude où il était jadis de l’innocence de Simon. Encore aurait-il gardé le silence, par étroite discipline, si le curé de Jonville, le terrible abbé Cognasse, n’avait fait, dans un de ses prônes, une allusion très claire, en signalant, à la tête d’une paroisse voisine, un prêtre apostat, vendu aux juifs, traître à son Dieu et à sa patrie. Du coup, toute son ardeur de chrétien se ralluma, il ne put contenir davantage sa douleur de voir ceux qu’il nommait les vendeurs du temple, trahir et crucifier Jésus une seconde fois, le Jésus de vérité et de justice. Et, le dimanche suivant, à son prône, il parla des hommes néfastes qui étaient en train d’achever de tuer l’Église, par leur abominable complicité avec les auteurs des crimes les plus immondes. On s’imagine le scandale, l’agitation folle parmi ce monde clérical, si anxieux déjà de savoir comment finirait l’affaire Simon. Et le pis était qu’on disait Mgr Bergerot, de nouveau derrière l’abbé Quandieu, bien résolu cette fois à ne pas laisser des sectes de fanatisme et de haine compromettre la religion davantage.
Enfin, au milieu de ces passions déchaînées, les débats du nouveau procès s’ouvrirent devant la cour d’assises de Rozan. On avait pu ramener Simon en France, très souffrant encore, mal guéri des fièvres épuisantes qui venaient de retarder son retour pendant près d’une année. Même, durant la traversée, on avait eu peur de ne pas le débarquer vivant. Puis, dans la crainte de scènes de désordre, de violences et d’outrages, il avait fallu dissimuler le lieu de son débarquement, l’amener ensuite à Rozan de nuit, par des chemins détournés, ignorés de tous. Et il était, à cette heure, dans une prison voisine