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Pendant l’année qui se passa encore si anxieuse, si pleine de malaise et de lutte, l’Église fit un effort suprême pour reconquérir sa puissance. Jamais elle ne s’était trouvée dans une situation plus critique, sous tant de menaces, jouant la partie désespérée qui devait prolonger son empire pendant un siècle ou deux peut-être, si elle la gagnait. Il lui fallait pour cela rester l’institutrice et l’éducatrice de la jeunesse française, garder la mainmise sur l’enfant et sur la femme, sur l’ignorance des petits et des humbles, afin de les façonner, de les pétrir, d’en faire le peuple d’erreur, de crédulité et de soumission, dont elle avait besoin pour régner. Le jour où il lui serait défendu d’enseigner, où elle verrait ses écoles se fermer et disparaître, serait le commencement de sa fin prochaine, de son anéantissement inévitable, au milieu du nouveau peuple libéré, grandi en dehors de son mensonge, dans un autre idéal de raison et d’humanité libre. Et l’heure était grave, cette affaire Simon, avec le retour attendu et le triomphe de l’innocent, pourrait porter le plus terrible coup à l’école congréganiste, en glorifiant l’école laïque. Le père Crabot, qui voulait sauver le président Gragnon, se trouvait si compromis lui-même, qu’il avait comme disparu du beau monde, ne sortant plus de sa cellule, blême et frissonnant. Le père Philibin, enseveli au fond d’un couvent de Rome, achevait de vivre dans la