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où il y était entré un matin, le jour de l’arrestation de Simon, en quête de témoignages favorables. Les Bongard, eux aussi, étaient restés les mêmes, dans leur ignorance crasse, méfiants, silencieux, en pauvres êtres, à peine dégagés de la terre, qui tremblaient toujours d’être dévorés par de plus gros et de plus forts. Et il n’y avait là de nouveau que les enfants, si peu en progrès, se libérant à peine, ayant plus de connaissance, mais comme affaiblis par cette instruction incomplète, tombés à d’autres imbécillités. Cependant, ils avaient marché, le moindre pas en avant est un espoir, sur la longue route humaine.

Ce fut quelques jours plus tard que Marc se rendit chez Doloir, pour lui parler d’un projet qui lui tenait au cœur. Après avoir eu autrefois dans sa classe les deux aînés du maçon, Auguste et Charles, il venait de voir le cadet, Jules, y remporter de grands succès. L’enfant, d’une intelligence vive, ayant obtenu son certificat d’études, dès sa douzième année, devait quitter l’école. Et Marc se désespérait, car il rêvait de faire de lui un instituteur, toujours préoccupé de ce recrutement d’un bon personnel, pour l’enseignement primaire, dont son ami Salvan lui parlait parfois avec tant d’inquiétude.

Rue Plaisir, dans le logement que le maçon y occupait toujours, au-dessus d’un marchand de vin, il trouva Mme Doloir seule, avec Jules. Les hommes allaient rentrer du travail. Elle l’écouta très attentivement de son air sérieux et un peu borné, en bonne ménagère uniquement soucieuse de veiller aux intérêts de la famille.

— Oh ! monsieur Froment, ça ne m’a pas l’air possible. Nous avons besoin de Jules, nous allons tout de suite le mettre en apprentissage. Où trouverions-nous l’argent pour lui faire continuer ses études ? Ça coûte toujours trop, même quand ça ne coûte rien.