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autrefois si aimée, si baignée de tendresse aux bras de son mari, d’agoniser depuis son veuvage sous la règle dévote de sa mère, la dure Mme Duparque. Et il se sentait une alliée possible en elle, mais si brisée, qui jamais ne retrouverait le courage de parler ni d’agir.

— Sois donc bien affectueuse avec elle, concluait-il. Je crois que, sans le dire, elle a de la peine comme nous… Mais surtout embrasse ta mère pour nous deux, elle sentira que je suis de moitié dans ta caresse.

— Oui, mon père.

Et les soirées se prolongeaient ainsi, très amères et très douces, dans le logis dévasté. Quand, le dimanche, la fille apportait au père quelque nouvelle mauvaise, une migraine de la mère, des troubles nerveux dont elle souffrait maintenant, il en avait jusqu’au jeudi à se forger des inquiétudes. Ces troubles ne le surprenaient pas, il tremblait de voir la pauvre femme se consumer dans les flammes imbéciles et perverses du mysticisme. Puis, si le jeudi suivant, sa fille lui apprenait que maman avait souri, s’était informée du petit chat laissé à la maison, il reprenait espoir, il riait lui-même d’aise, soulagé. Et il se remettait à attendre la chère absente, qui allait lui revenir avec son nouveau-né au sein.

Depuis le départ de Geneviève, Mlle Mazeline était devenue forcément une confidente, une intime de Marc et de Louise. Presque chaque soir, après la classe, elle ramenait l’enfant, elle rendait de petits services dans ce ménage désorganisé, où il n’y avait plus de ménagère. Le logement de l’instituteur et celui de l’institutrice se touchaient presque, elle n’avait que la petite cour à traverser ; et même, derrière, les deux jardins mitoyens communiquaient par une porte. Aussi les rapports furent-ils de plus en plus étroits, surtout grâce à la grande sympathie qui rapprochait Marc de cette vaillante, de cette admirable femme. À Jonville, déjà, il avait