son grand corps, la face épaissie et lourde, courbant les épaules sous un poids invisible, se redressant avec un regard oblique, lorsqu’il se sentait regardé. Et les dames de ces messieurs, elles aussi, avait recommencé à faire de leurs salons des foyers d’intrigues, de marchandages, d’effrénée propagande. Et des familles bourgeoises aux domestiques, des domestiques aux fournisseurs, des fournisseurs aux ouvriers, toute la population suivait, s’affolait, dans la tempête de démence générale qui emportait les hommes et les choses.
On remarqua le brusque effacement du père Crabot, dont la haute taille élégante, les belles robes fines étaient bien connues, aux heures mondaines, avenue des Jaffres. Il ne s’y montra plus, et l’on vit une preuve de bon goût, de piété profonde, dans ce besoin de retraite, dont ses amis parlèrent avec un attendrissement dévot. Le père Philibin avait disparu, il ne restait que le frère Fulgence, toujours compromettant, s’agitant trop, si maladroit à chacune de ses démarches, que de vilains bruits commençaient à courir, parmi les cléricaux, sans doute un mot d’ordre venu de Valmarie, sacrifiant le frère. Mais le héros, l’extraordinaire figure qui se dressait plus étonnante chaque jour, était le frère Gorgias, qui tenait tête à l’accusation, avec une prodigieuse audace. Le soir même du jour où l’on avait publié la lettre de David le dénonçant, il était accouru au Petit Beaumontais, pour répondre, insultant les juifs, inventant d’extravagantes histoires, habillant les vérités de mensonges de génie, capables de troubler les plus solides têtes ; et il goguenardait, il demandait si les instituteurs avaient l’habitude de se promener avec des modèles d’écriture dans leurs poches ; et il niait tout, le paraphe, le cachet, expliquant comment Simon, qui avait imité son écriture, pouvait très bien s’être procuré un cachet de l’école, ou même en avoir fait fabriquer un. C’était fou, il n’en criait pas moins cette version