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fraternels qui te surprendraient, ne devrais-tu pas t’en attendrir, te rendre à tant de bonté divine ?… Dieu, qui pourrait te foudroyer, te tend les bras, et quand il se sert de moi, de mon amour, pour te ramener à lui, tu plaisantes, tu me traites en petite fille imbécile répétant une leçon !… Nous ne pouvons plus nous entendre, c’est ce qui me fait tant de peine.

À mesure qu’elle parlait, il sentait grandir sa crainte désolée.

— C’est vrai, répéta-t-il lentement, nous ne pouvons plus nous entendre. Les mots n’ont plus la même signification pour nous, et tout ce que je te reproche, tu me le reproches. Lequel de nous deux va rompre ? lequel aime-t-il l’autre, travaille-t-il au bonheur de l’autre ?… Ah ! c’est moi le coupable, et il est trop tard, je le crains, pour réparer ma faute. J’aurais dû t’apprendre où sont la vérité et la justice.

Elle acheva de se révolter devant cette affirmation de maire.

— Oui, toujours l’élève sotte, qui ne sait rien et dont il faut ouvrir les yeux… C’est moi qui sais où sont la vérité et la justice. Tu n’as pas le droit de prononcer ces mots-là.

— Je n’ai pas le droit ?

— Non, tu t’es engagé dans cette monstrueuse erreur, cette ignoble affaire Simon, où ta haine de l’Église t’aveugle et te jette à la pire iniquité. Quand un homme comme toi en arrive au mépris de toute, de toute justice, pour atteindre et salir les ministres de Dieu, il vaut mieux croire qu’il a perdu la tête.

Cette fois, Marc toucha le fond de la querelle que lui cherchait Geneviève. L’affaire Simon était là, au principe de tout le travail savant et discret dont il voyait le résultat. Si, chez ces dames, on lui reprenait sa femme, si on se servait d’elle comme d’une arme pour le frapper mortellement,