femme vieillie retournait à l’enfance, se rendormait dans les heureuses croyances du catéchisme, absurdes et puériles. Cette Geneviève adorée que Marc croyait à lui entièrement, se révélait comme possédée par un autre, emplie d’un passé indestructible dont il n’était pas, dont il ne pourrait être. Avec stupeur, il commençait à s’apercevoir qu’ils n’avaient rien de commun, qu’il avait pu passer en elle sans rien modifier de l’être intérieur, pétri dès le berceau par des mains savantes. Et quel regret alors de n’avoir pas, dès les premiers jours du mariage, pendant les heures d’abandon complet, essayé de pénétrer jusqu’à l’intelligence, d’aller conquérir l’esprit, au-delà de ce charmant visage qu’il couvrait de ses baisers ! Il aurait dû ne pas s’endormir dans son bonheur, recommencer l’instruction de la grande enfant si tendrement pendue à son cou. Puisqu’il se proposait de la faire sienne, pourquoi n’y avait-il pas travaillé en homme prudent et sage, dont la joie d’amour ne trouble pas la raison ? S’il souffrait maintenant, c’était de son illusion vaniteuse, de sa paresse et de son égoïsme à ne pas agir, par crainte lâche, au fond, de gâter sa félicité d’amant.
Mais, désormais, le péril devenait si grave, qu’il était résolu à lutter. Une dernière excuse lui restait, pour ne pas intervenir rudement : le respect de la liberté d’autrui, la tolérance de toute foi sincère, chez la créature dont on a fait sa compagne. De même qu’autrefois il avait consenti à se marier à l’église, et qu’il ne s’était pas plus tard opposé au baptême de sa fille Louise, par une faiblesse d’homme amoureux, il ne trouvait pas la force intolérable de faire défense à sa femme de pratiquer, de se confesser et de communier, si telle était sa foi. Pourtant, les époques avaient changé, il aurait pu plaider l’indifférence où il était encore, au moment des noces et de la naissance de sa fille, tandis qu’il s’était libéré et affirmé de plus en plus, en acceptant la mission d’enseigner la science