catéchisme, aux processions, portant des bannières, étaient mises en parallèle avec les garçons de l’instituteur anarchiste, des paresseux, des révoltés, ne croyant ni à Dieu ni à diable.
Trois jours plus tard, Marc apprit que le comte Hector de Sanglebœuf, le député catholique, accompagné de deux autres de ses collègues, avait fait une démarche décisive près du préfet Hennebise. Il avait eu évidemment connaissance du rapport de Mauraisin, si lui-même et le père Crabot, familier de la Désirade, n’avaient pas aidé à le rédiger, et la tactique allait être de s’appuyer sur ce rapport pour exiger l’exécution de l’instituteur. Hennebise, dont l’unique politique était de vivre en paix avec tout le monde et qui répétait sans cesse à son personnel : « Oh ! surtout pas d’affaire ! » dut être très ennuyé de l’incident, qu’il sentait gros de complications désastreuses. Son cœur penchait vers Sanglebœuf, mais il y avait des dangers à épouser publiquement la réaction. Aussi, tout en sympathisant avec le fougueux député antisémite, gendre du baron Nathan, lui expliqua-t-il qu’il n’était pas le seul maître dans la question, car la loi était formelle, il ne pouvait déplacer un instituteur, sans que la proposition lui en fût faite par l’inspecteur d’académie, Le Barazer. C’était une garantie d’indépendance accordée au corps enseignant. Et, soulagé pour l’instant, il renvoya donc ces messieurs à l’inspecteur, auquel ils rendirent visite immédiatement, dans son cabinet, à la préfecture même. Le Barazer, un ancien professeur agrégé devenu un prudent diplomate, les reçut, les écouta, d’un air de déférence attentive. La face large et colorée, à peine grisonnant malgré la cinquantaine, il avait grandi dans la haine de l’Empire, il était un des républicains de la première heure, qui considéraient l’enseignement laïque comme le fondement même de la République. Par tous les moyens, il poursuivait l’écrasement des écoles congréganistes,