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le frère Fulgence, avec ses adjoints, les frères Gorgias et Isidore, enragés contre l’école laïque, depuis que celle-ci leur reprenait des élèves. Et, derrière ceux-ci, il y avait encore le père Philibin et le père Crabot, le préfet des études et le recteur du collège de Valmarie, les puissants personnages dont les mains adroites, invisibles, menaient la campagne, depuis la monstrueuse affaire Simon. C’était tout le crime qui dormait là, dans l’ombre, et que les complices, l’obscure et sourde masse ignorée, soupçonnée, semblaient résolus à défendre par d’autres crimes. Dès le premier jour, Marc avait bien deviné où devait se terrer la bande, du plus infime au plus haut. Mais comment les saisir et les convaincre ? Si le père Crabot, aimable, mondain, continuait à se prodiguer parmi la belle société de Beaumont, tout à la direction de ses pénitentes et à la fortune rapide de ses anciens élèves, son sous-ordre, le père Philibin, semblait avoir totalement disparu, comme enfermé en son absorbante fonction de la surveillance effective de Valmarie. Rien ne décelait le sourd travail poursuivi âprement dans l’ombre, sans qu’une minute fût perdue pour le triomphe de la bonne cause. Marc avait seulement pu constater l’espionnage dont il était l’objet : on le filait avec une discrétion ecclésiastique, de perpétuelles ombres noires rôdaient autour de lui. Pas une de ses visites chez les Lehmann, pas un de ses entretiens avec David, ne devaient être ignorés. Et, comme Salvan le disait, c’était bien le passionné de vérité, le justicier futur qu’on traquait en sa personne, le témoin aux mains duquel on devinait un commencement de preuves, et dans la gorge de qui on voulait rentrer le cri vengeur, en l’exterminant. La bande des frocs et des soutanes s’y employait avec une audace croissante, jusqu’à ce pauvre abbé Quandieu, désespéré de mettre la religion au service d’une telle œuvre d’iniquité, mais qui, résigné, obéissait à son évêque, le triste Mgr