Aussi la communication de Marc ne fit-elle que lui donner plus de courage et de patience. Il fut également d’avis de tenir secrète la confession du petit Sébastien, comme peu utilisable, tant qu’une preuve matérielle ne l’appuierait pas. C’était un espoir de triomphe de plus. Et il se remit à chercher, avec calme, avec force, agissant sans hâte, d’une action prudente et continue.
Un matin, avant la classe, Marc se décida enfin à enlever le crucifix, qu’il avait laissé, derrière son bureau, pendu au mur. Depuis deux ans, il attendait d’être assez maître de la situation, pour affirmer par cet acte l’indépendance confessionnelle de l’école laïque, telle qu’il la comprenait et la voulait. Jusque-là, il avait volontiers cédé aux sages conseils de Salvan, comprenant la nécessité de se maintenir d’abord à son poste, s’il désirait en faire ensuite un poste de combat. Maintenant, il se sentait assez fort, il pouvait engager la lutte : n’avait-il pas rendu sa prospérité à l’école communale, en y ramenant des élèves, reconquis sur celle des frères ? ne s’y était-il pas fait peu à peu respecter, adoré des enfants, accepté des familles, désormais solide ? Et puis, ce qui le poussait encore à agir, c’était sa récente visite à Jonville, ce pays en train de s’instruire, dont l’abbé Cognasse refaisait un coin de ténèbres, c’était aussi tout ce que l’aveu de Sébastien avait remué en lui d’inquiétude et de colère contre l’ignominie qu’il devinait à son entour, Maillebois asservi, empoisonné par la faction cléricale.
Il était donc, ce matin-là, monté sur un escabeau, lorsque Geneviève, tenant la petite Louise par la main, entra dans la classe, pour lui dire qu’elle menait l’enfant passer la journée chez grand-mère. Elle fut toute surprise.
— Que fais-tu là ?
— Tu le vois, je décroche ce crucifix, que je reporterai moi-même à l’abbé Quandieu, pour qu’il le remette dans