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voisine de l’école des garçons, où s’entêtait cet instituteur de scandale, qu’ils se promettaient de déloger depuis deux ans, sans y parvenir.

Dans Maillebois, après avoir attendu le déplacement de Marc, en quelque coup de foudre, on finissait aussi par s’habituer à lui. Le maire Darras avait pu faire publiquement son éloge, pendant une séance du conseil municipal, et sa situation venait de se consolider encore à la suite d’un fait considérable : deux élèves, passés chez les frères, lui étaient revenus. C’était le signe évident que les familles se rassuraient, l’acceptaient ; et c’était en outre un échec pour l’école congréganiste, si prospère et victorieuse jusque-là. Par la sagesse et par l’amour, comme il l’avait dit, allait-il donc remettre en honneur l’école laïque, lui rendre sa place et son rôle au premier rang ? Un vent d’inquiétude dut passer chez les ignorantins et chez les moines, dans toute la faction cléricale. Et l’attaque vint si singulière, que Marc en fut surpris. Laissant prudemment à l’écart la question du catéchisme, Mauraisin n’avait parlé, chez le maire, un peu partout, que du fameux lavage à l’éponge, levant les bras au ciel, affectant une terreur pour la santé des enfants. Alors, une grosse question surgit : fallait-il laver, fallait-il balayer ? Maillebois ne tarda pas à être séparé en deux camps, qui se passionnèrent, se jetèrent des arguments à la tête. Les parents surtout furent consultés, l’employé Savin se montra terrible contre le lavage, au point qu’on le crut un instant décidé à retirer ses deux garçons. Mais Marc porta la question plus haut, sollicita l’avis de ses chefs, en les priant de réunir une commission de médecins et d’hygiénistes. Il y eut enquête, sérieuse étude, longue discussion, et la victoire finit par rester à l’éponge. Ce fut pour l’instituteur un triomphe véritable, les parents lui furent conquis davantage, Savin lui-même, si peu commode, dut faire amende honorable. Et un nouvel é