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sans cesse variée, où les jeunes intelligences allaient ainsi de découverte en découverte. Il exigeait seulement une grande propreté, menant les enfants à la fontaine comme à un jeu, ouvrant les fenêtres toutes larges, au milieu et à la fin de chaque classe. Avant lui, selon l’usage, les enfants balayaient, soulevaient une poussière terrible, redoutable véhicule de contagion ; et il leur avait appris à se servir de l’éponge, il leur faisait donner partout un coup de lavage, qui les égayait et leur servait de récréation. Les jours de soleil, la vaste salle, si claire, si propre, emplie de son petit peuple sain et joyeux, était une continuelle allégresse.

Et ce fut, par un jour ensoleillé de mai, deux ans après l’installation de Marc, que Mauraisin, l’inspecteur primaire, tomba dans la classe du matin, sans avoir prévenu, espérant prendre le maître en faute. Vainement, il l’avait guetté jusque-là, déconcerté par sa prudence, furieux de ne pouvoir le mal noter, ce qui aurait justifié une demande de déplacement. Ce songe-creux, ce révolutionnaire maladroit, qui ne devait pas rester six mois en place, s’éternisait, à l’ébahissement et au scandale de tous.

Justement, les élèves achevaient de laver la classe, et le beau Mauraisin, serré dans sa redingote, petit et luisant, poussa un cri d’inquiétude.

— Quoi donc ? vous êtes inondés ?

Puis, lorsque Marc lui eut expliqué que, pour la bonne hygiène, il avait remplacé le balayage par le lavage, l’inspecteur haussa les épaules.

— Encore une nouveauté ! Vous auriez bien pu prévenir l’administration. Et, d’ailleurs, ce n’est pas sain, toute cette eau répandue, ça doit donner des douleurs… Vous me ferez le plaisir de reprendre le balai, tant que vous ne serez pas autorisé à employer ainsi l’éponge.

Ensuite, comme les enfants avaient une récréation de