fait du bonheur de tous, l’exemple quotidien des progrès et de la joie de chaque élève, lorsque la classe entière a bien travaillé. Sans doute, l’école devait être une culture de l’énergie, une libération et une exaltation de l’individualité, l’enfant ne devait juger et agir que par lui-même, afin que l’homme un jour donnât toute la somme de sa valeur personnelle. Seulement, la moisson de cette culture intensive n’irait-elle pas grossir le trésor commun de tous, et pouvait-on imaginer la grandeur solitaire d’un citoyen, dont le geste, en faisant de la gloire pour lui, n’aurait pas fait du bonheur pour les autres ? L’instruction, l’éducation aboutissaient nécessairement à la solidarité, à cette attraction universelle dont la force fond peu à peu l’humanité en une seule famille. Et il ne voulait que de la sympathie, de la tendresse, l’école joyeuse, fraternelle, emplie de soleil, de chants et de rires, enseignant la vie heureuse, faisant vivre les écoliers de cette vie de science, de vérité, de justice, dont l’idéal se réaliserait, quand des générations d’enfants, instruits enfin, l’auraient longuement préparé.
Marc, surtout, dès les premiers jours, voulut réagir contre l’éducation de violence, de terreur et de sottise donnée à l’enfant. On n’exaltait en lui, par le livre, par l’image, par les leçons de chaque heure, que le droit du plus fort, les massacres, les carnages, les villes dévastées, anéanties. De l’histoire, on étalait les pages sanglantes, les guerres, les conquêtes, les noms des capitaines qui avaient décimé l’humanité. On enfiévrait les petits cerveaux d’un fracas d’armes, de cauchemars, de tueries rougissant les plaines. Les livres de prix donnés aux élèves, les petits journaux publiés pour eux, jusqu’aux couvertures de leurs cahiers de devoirs, ne leur mettaient sous les yeux que des armées s’égorgeant, des navires s’incendiant, l’éternel désastre de l’homme devenu un loup pour l’homme. Et, quand il ne s’agissait pas d’une bataille,