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Il avait dit ces derniers mots avec une telle flamme, que Marc fut pris de gaieté.

— Allons, cher maître, je vous retrouve, vous n’êtes pas près d’abandonner la partie, et vous finirez par vaincre, parce que la vérité est avec vous.

Gaiement aussi, Salvan convint qu’il venait de céder à une minute de découragement. Cet inique procès, dont on menaçait Simon, l’avait jeté hors de lui.

— Un conseil ? vous m’avez demandé un conseil, pour agir ?… Voyons un peu, examinons ensemble la situation.

Il y avait Forbes, le recteur, un homme doux et affable, très lettré, très intelligent, mais plongé dans des études d’histoire ancienne, ayant le sourd mépris des temps actuels, se désintéressant, simple rouage, entre le ministre et le personnel de son université. Ensuite, il y avait Le Barazer, l’inspecteur d’académie, et tout l’espoir de Salvan en la victoire future reposait sur ce vaillant et ce sage, doublé d’un fin politique. Le Barazer, âgé de cinquante ans à peine, datait des temps héroïques de la République, lors de la fondation, quand la nécessité de l’école Inique et obligatoire s’était imposée, comme la base même d’une libre et juste démocratie. Ouvrier de la première heure, il avait gardé la haine du cléricalisme, il restait convaincu qu’il fallait chasser le prêtre de l’enseignement, libérer les esprits de tous les dogmes mensongers, si l’on voulait une nation forte, sachant et pouvant, dans la plénitude de son intelligence. Mais l’âge, les obstacles rencontrés, la résistance tenace, sans cesse renouvelée de l’Église, avaient ajouté à son zèle républicain une grande prudence, une tactique adroite et savante, utilisant le peu de terrain qu’il gagnait chaque jour, opposant l’inertie aux assauts de ses adversaires, lorsqu’il lui était impossible d’opposer la force. Ancien professeur agrégé d’un lycée de Paris, il usait ainsi de toute la puissance que lui donnait sa situation d’inspecteur, sans jamais entrer en lutte