Page:Zola - Travail.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et elle lui donna sa main, celle où l’index manquait, coupé, emporté par l’engrenage d’une machine.

«  Elle est bien laide, murmura-t-elle.

— Laide  ! Josine, oh  ! non, elle m’est si chère, que, de toute ta personne adorée, c’est elle que je baise avec le plus de dévotion.  »

Il avait collé ses lèvres sur la cicatrice, il couvrait de caresses la petite main frêle et mutilée.

«  Oh  ! Luc, que vous m’aimez, et que je vous aime  !   »

Ce fût le cri charmant, le cri de bonheur et d’espoir, qui les réunit dans une nouvelle étreinte. Au-dehors, sur Beauclair pesamment endormi, passaient les bruits de marteaux, les retentissements d’acier de la Crêcherie et de l’Abîme, luttant de travail nocturne. Et sans doute la guerre n’était point finie, la terrible bataille allait s’aggraver entre hier et demain. Mais, au milieu des pires tourments, une halte de félicité s’était faite  ; et, quelles que fussent les souffrances encore, l’immortelle semence d’amour était jetée pour les moissons futures.