toujours rieuse, avec ses cheveux fous dont la toison la faisait ressembler à un petit mouton frisé.
« Tenez ! mon cher Boisgelin, voici une fille désobéissante qui me rendra malade… Demandez-lui ce qu’elle a fait, l’autre jour, à ce goûter qu’elle a offert à votre fils Paul et à la petite Louise Mazelle. » Sans se troubler le moins du monde, Nise continuait à sourire de son air gai, en fixant sur les gens ses limpides yeux bleus.
« Oh ! continua la mère, elle ne conviendra pas de sa faute… Eh bien ! malgré ma défense dix fois répétée, elle a encore ouvert l’ancienne porte, là-bas, au fond de notre jardin, et elle a fait entrer toute la marmaille malpropre de la Crêcherie. Il y a là ce petit Nanet, un affreux gamin, qu’elle a pris en affection. Et, d’ailleurs, votre Paul en était, ainsi que Louise Mazelle, fraternisant avec la séquelle d’enfants de ce Bonnaire, qui nous a quittés d’une façon si vilaine. Oui, Paul avec Antoinette, et Louise avec Lucien, que Mlle Nise avec son Nanet conduisait à la dévastation de nos plates-bandes ! … Et vous voyez, elle n’en rougit même pas de honte.
— C’est pas juste, répondit simplement Nise de sa voix claire, on n’a rien cassé, on s’est amusé très gentiment ensemble… Il est drôle, Nanet ! »
Cette réponse acheva de fâcher Fernande.
« Ah ! tu le trouves drôle… Écoute, si je te surprends jamais avec lui, je te prive de dessert pendant huit jours. Je n’ai pas envie que tu m’occasionnes quelque mauvaise histoire avec les gens d’à coté. Ils iraient dire partout que nous attirons leurs enfants, pour les rendre malades… Tu entends, cette fois c’est sérieux, tu auras affaire à moi, si tu revois Nanet.
— Oui, maman », dit Nise de son petit air tranquille et souriant.
Et, quand elle fut partie avec la femme de chambre,