puissant moyen d’arrosage, vous doublerez la qualité de vos terres. »
Lenfant, gros et court, hocha sa tête large, d’un air de lente réflexion.
« Ça coûtera toujours trop d’argent. »
Petit et mince, la mine noire, la bouche rageuse, Yvonnot s’écria :
« Et puis, monsieur, ce qui nous inquiète, c’est que cette eau-là, pour la partager, va être encore une raison de nous battre tous. Sans doute, vous êtes un bon voisin, de nous la donner, et nous vous en remercions bien. Seulement, comment faire, pour que chacun en ait sa juste part, sans croire que les autres le volent ? »
Luc souriait, heureux de la question, qui allait lui permettre d’aborder le sujet dont il était plein et pour lequel il avait tenu si vivement à les voir.
« Mais l’eau qui féconde doit être à tout le monde, comme le soleil qui luit et qui chauffe, comme la terre elle-même qui enfante et qui nourrit. Quant au meilleur moyen de partage, c’est de ne pas partager du tout, c’est de laisser en commun ce que la nature donne en commun à tous les hommes. »
Les deux paysans comprirent. Un instant, ils restèrent silencieux, les yeux sur le parquet. Ce fut Lenfant, le plus réfléchi, qui prit la parole.
« Oui, oui, nous savons, le fermier de la Guerdache nous a causé de ça… Sans doute, c’est une bonne idée que de s’entendre tous ensemble, comme vous avez fait ici, de mettre en commun l’argent et la terre, les bras et les outils, puis de partager ensuite les bénéfices… Il paraît certain qu’on gagnerait davantage et qu’on serait plus heureux… Mais, tout de même, il y aurait des risques à courir, et je crois bien qu’il faudra encore parler longtemps, avant de nous convaincre tous, aux Combettes.
— Ah ! pour sûr, appuya Yvonnot, avec un geste