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THÉÂTRE

un relief sur lequel je n’osais compter. M. Grivot a composé avec une rare intelligence le bout du rôle de Camille, de cet être chétif, gâté et entêté, et, il en a merveilleusement accusé les mesquineries bourgeoises, la pauvreté physiologique ; M. Montrouge a fait du vieil employé Grivet un type inoubliable de vérité comique, cela avec une mesure, un tact, une finesse s’arrêtant juste à la limite de la caricature, qui témoigne d’un véritable esprit littéraire, et dont je le remercie infiniment ; M. Reykers s’est mis réellement dans la peau d’un commissaire de police en retraite, à ce point qu’il en avait la tête, la démarche, la voix, jusqu’aux tics et à la bonhomie brusque de la profession ; enfin, mademoiselle Blanche Dunoyer a été l’espiègle sourire de ce drame noir, la chanson de la seizième année alternant avec les sanglots déchirants de Thérèse, et c’est d’une façon exquise qu’elle a conté l'histoire de son prince bleu.

Je dis ce qu’un capitaine devrait dire à ses soldats au lendemain d’une bataille :

— Merci à tous ces grands artistes, c’est par eux seuls que j’ai vaincu.


Paris, 25 juillet 1873.