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THÉÂTRE

du lendemain, la conquête lente des esprits, le mouvement de prosélytisme que détermine un livre original. Si l’on n’a pas du coup pris le public en masse, il faut renoncer à l’accoutumer, à le séduire tête par tête. Une seule protestation est possible : publier la pièce sifflée et attendre.

C’est à quoi je me décide, je publie mes pièces sifflées et j’attends. Elles sont trois, les trois premiers soldats d’une armée. Lorsqu’il y en aura une vingtaine, elles sauront se faire respecter. Ce que j’attends, c’est une évolution dans notre littérature dramatique, c’est un apaisement du public et de la critique à mon égard, c’est une appréciation plus nette et plus juste de ce que je suis et de ce que je veux. J’ai beaucoup d’entêtement et de patience. On a bien fini par lire mes romans, on finira par écouter mes pièces.

ÉMILE ZOLA.


Paris, 1er juin 1878.