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LE JEÛNE


I


Quand le vicaire monta en chaire, avec son large surplis d’une blancheur angélique ; la petite baronne était béatement assise à sa place accoutumée, près d’une bouche de chaleur, devant la chapelle des Saints-Anges.

Après le recueillement d’usage, le vicaire se passa délicatement sur les lèvres un fin mouchoir de batiste ; puis, il ouvrit les bras, pareil à un séraphin qui va prendre son vol, pencha la tête, et parla. Sa voix fut d’abord, dans la vaste nef, comme un murmure lointain d’eau courante, comme une plainte amoureuse du vent au milieu des feuillages. Et, peu à peu, le souffle grandit, la brise devint tempête, la voix roula sous les voûtes