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certitude, lorsque je n’osais encore rêver une espérance. Il se taisait maintenant ; c’était moi qui parlais avec volubilité.

— Je comprends tout, continuai-je. Vous avez raison, il faut que je travaille pour gagner Babet. Mais vous verrez comme je serai courageux… Ah ! que vous êtes bon, mon oncle Lazare, et que vous parlez bien ! J’entends ce que dit le printemps ; je veux avoir, moi aussi, un été puissant, un automne fécond. On est bien ici, on voit toute la vallée ; je suis jeune comme elle, je sens la jeunesse en moi qui demande à remplir sa tâche…

Mon oncle me calma.

— C’est bien, Jean, me dit-il. J’ai longtemps espéré faire de toi un prêtre, je ne t’avais donné ma science que dans ce but. Mais ce que j’ai vu ce matin au bord de l’eau, me force à renoncer définitivement à mon rêve le plus cher. C’est le ciel qui dispose de nous. Tu aimeras Dieu d’une autre façon… Tu ne peux rester maintenant dans ce village, où je veux que tu ne rentres que mûri par l’âge et le travail. J’ai choisi pour toi le métier de typographe ; ton instruction te servira. Un de mes amis, un imprimeur de Grenoble, t’attend lundi prochain.

Une inquiétude me prit.