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IX


J’ai visité un campement de Bohémiens, établi en face du poste-caserne de la porte Saint-Ouen. Ces sauvages doivent bien rire de cette grande bête de ville qui se dérange pour eux. Il m’a suffi de suivre la foule ; tout le faubourg se portait autour de leurs tentes, et j’ai même eu la honte de voir des gens qui n’avaient pourtant pas l’air tout à fait d’imbéciles, arriver en voiture découverte, avec des valets de pied en livrée.

Quand ce pauvre Paris a une curiosité, il ne la marchande guère. Le cas de ces Bohémiens est celui-ci. Ils étaient venus pour rétamer les casseroles et poser des pièces aux chaudrons du faubourg. Seulement, dès le premier jour, à voir la bande de gamins qui les dévisageaient, ils ont compris à quel genre de ville civilisée ils avaient affaire. Aussi se sont-ils empressés de lâcher les chaudrons et les casseroles. Comprenant qu’on les