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à Paris, sur l’ardent pavé de juillet et d’août.

Oh ! cette file de fiacres, chargés de malles, roulant vers les gares ! cette vision de la grande cage ouverte, des oiseaux heureux prenant leur volée ! cette raillerie cruelle de la liberté traversant les galères de nos rues et de nos places ! ce cauchemar de tous mes printemps qui me trouble dans mon cachot, qui m’emplit du désir inassouvi des feuillages et des cieux libres !

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Je voudrais me faire tout petit, tout petit, et me glisser dans la grande malle de cette dame en chapeau rose, dont le coupé se dirige vers la gare de Lyon. On doit être très-bien, dans la malle de cette dame. Je devine des jupes soyeuses, des linges fins, toutes sortes de choses douces, parfumées, tièdes. Je me coucherai sur quelque soie claire, j’aurai sous le nez des mouchoirs de batiste, et si j’ai froid, ma foi, tant pis ! je mettrai tous les jupons sur moi.

Elle est fort jolie, cette dame. Vingt-cinq ans au plus. Un menton ravissant avec une fossette qui doit se creuser quand elle rit. Je voudrais la faire rire, pour voir. Ce diable de cocher est bienheureux de la promener dans sa boîte. Elle doit aimer