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LES ROUGON-MACQUART

Était-ce drôle qu’elle fût morte ! Vous savez qu’elle avait simplement, par-dessus son maillot, une ceinture d’or qui lui cachait à peine le derrière et le devant. Autour d’elle, la grotte, tout en glace, faisait une clarté ; des cascades de diamants se déroulaient, des colliers de perles blanches ruisselaient parmi les stalactites de la voûte ; et, dans cette transparence, dans cette eau de source, traversée d’un large rayon électrique, elle semblait un soleil, avec sa peau et ses cheveux de flamme. Paris la verrait toujours comme ça, allumée au milieu du cristal, en l’air, ainsi qu’un bon Dieu. Non, c’était trop bête de se laisser mourir, dans une pareille position ! Maintenant, elle devait être jolie, là-haut !

— Et que de plaisir fichu ! dit Mignon d’une voix mélancolique, en homme qui n’aimait pas à voir se perdre les choses utiles et bonnes.

Il tâta Lucy et Caroline pour savoir si elles montaient tout de même. Bien sûr, elles montaient ; leur curiosité avait grandi. Justement, Blanche arrivait, essoufflée, exaspérée contre la foule qui barrait les trottoirs ; et quand elle sut la nouvelle, les exclamations recommencèrent, ces dames se dirigèrent vers l’escalier, avec un grand bruit de jupes. Mignon les suivait, en criant :

— Dites à Rose que je l’attends… Tout de suite, n’est-ce pas ?

— On ne sait pas au juste si la contagion est à craindre au début ou vers la fin, expliquait Fontan à Fauchery. Un interne de mes amis m’assurait même que les heures qui suivent la mort sont surtout dangereuses… Il se dégage des miasmes… Ah ! je regrette ce brusque dénouement ; j’aurais été si heureux de lui serrer la main une dernière fois.

— Maintenant, à quoi bon ? dit le journaliste.