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LES ROUGON-MACQUART

d’éternels supplices. C’étaient les mêmes balbutiements, les mêmes prières et les mêmes désespoirs, surtout les mêmes humilités d’une créature maudite, écrasée sous la boue de son origine. Ses désirs d’homme, ses besoins d’une âme, se confondaient, semblaient monter, du fond obscur de son être, ainsi qu’un seul épanouissement du tronc de la vie. Il s’abandonnait à la force de l’amour et de la foi, dont le double levier soulève le monde. Et toujours, malgré les luttes de sa raison, cette chambre de Nana le frappait de folie, il disparaissait en grelottant dans la toute-puissance du sexe, comme il s’évanouissait devant l’inconnu du vaste ciel.

Alors, quand elle le sentit si humble, Nana eut le triomphe tyrannique. Elle apportait d’instinct la rage d’avilir. Il ne lui suffisait pas de détruire les choses, elle les salissait. Ses mains si fines laissaient des traces abominables, décomposaient d’elles-mêmes tout ce qu’elles avaient cassé. Et lui, imbécile, se prêtait à ce jeu, avec le vague souvenir des saints dévorés de poux et qui mangeaient leurs excréments. Lorsqu’elle le tenait dans sa chambre, les portes closes, elle se donnait le régal de l’infamie de l’homme. D’abord, ils avaient plaisanté, elle lui allongeait de légères tapes, lui imposait des volontés drôles, le faisait zézayer comme un enfant, répéter des fins de phrase.

— Dis comme moi : « … et zut ! Coco s’en fiche ! »

Il se montrait docile jusqu’à reproduire son accent.

— « … et zut ! Coco s’en fiche ! »

Ou bien elle faisait l’ours, à quatre pattes sur ses fourrures, en chemise, tournant avec des grognements, comme si elle avait voulu le dévorer ; et même elle lui mordillait les mollets, pour rire. Puis, se relevant :