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NANA

qui blessaient le comte Muffat. Bijou fut le premier petit homme dont il eût de la jalousie. Ce n’était pas convenable qu’une bête mît de la sorte le nez sous les couvertures. Puis, Nana passait dans son cabinet de toilette, où elle prenait un bain. Vers onze heures, Francis venait lui relever les cheveux, en attendant la coiffure compliquée de l’après-midi. Au déjeuner, comme elle détestait de manger seule, elle avait presque toujours madame Maloir, qui arrivait le matin de l’inconnu avec ses chapeaux extravagants, et retournait le soir dans ce mystère de sa vie, dont personne d’ailleurs ne s’inquiétait. Mais le moment le plus dur, c’étaient les deux ou trois heures entre le déjeuner et la toilette. D’ordinaire, elle proposait un bézigue à sa vieille amie ; parfois, elle lisait le Figaro, où les échos des théâtres et les nouvelles du monde l’intéressaient ; même il lui arrivait d’ouvrir un livre, car elle se piquait de littérature. Sa toilette la tenait jusqu’à près de cinq heures. Alors, seulement, elle s’éveillait de sa longue somnolence, sortant en voiture ou recevant chez elle toute une cohue d’hommes, dînant souvent en ville, se couchant très tard, pour se relever le lendemain avec la même fatigue et recommencer des journées toujours semblables.

Sa grosse distraction était d’aller aux Batignolles voir son petit Louis, chez sa tante. Pendant des quinze jours, elle l’oubliait ; puis, c’étaient des rages, elle accourait à pied, pleine d’une modestie et d’une tendresse de bonne mère, apportant des cadeaux d’hôpital, du tabac pour la tante, des oranges et des biscuits pour l’enfant ; ou bien elle arrivait dans son landau, au retour du Bois, avec des toilettes dont le tapage ameutait la rue solitaire. Depuis que sa nièce était dans les grandeurs, madame Lerat ne dégonflait pas de vanité. Elle se présentait rarement avenue