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LES ROUGON-MACQUART

golait au milieu de ces meubles qu’elle avait payés. Mais Fontan faisait un pas sur le carré, l’air terrible, ouvrant ses gros doigts comme des pinces.

— File, ou je t’étrangle !

Alors, Nana éclata en sanglots nerveux. Elle eut peur et se sauva. Cette fois, c’était elle qu’on flanquait dehors. L’idée de Muffat lui vint tout d’un coup, dans sa rage ; mais, vrai, ce n’était pas Fontan qui aurait dû lui rendre la pareille.

Sur le trottoir, sa première pensée fut d’aller coucher avec Satin, si celle-ci n’avait personne. Elle la rencontra devant sa maison, jetée elle aussi sur le pavé par son propriétaire, qui venait de faire poser un cadenas à sa porte, contre tout droit, puisqu’elle était dans ses meubles ; elle jurait, elle parlait de le traîner chez le commissaire. En attendant, comme minuit sonnait, il fallait songer à trouver un lit. Et Satin, jugeant prudent de ne pas mettre les sergents de ville dans ses affaires, finit par emmener Nana rue de Laval, chez une dame qui tenait un petit hôtel meublé. On leur donna, au premier étage, une étroite chambre, dont la fenêtre ouvrait sur la cour. Satin répétait :

— Je serais bien allée chez madame Robert. Il y a toujours un coin pour moi… Mais, avec toi, pas possible… Elle devient ridicule de jalousie. L’autre soir, elle m’a battue.

Quand elles se furent enfermées, Nana, qui ne s’était pas soulagée encore, fondit en larmes et raconta à vingt reprises la saleté de Fontan. Satin l’écoutait avec complaisance, la consolait, s’indignait plus fort qu’elle, tapant sur les hommes.

— Oh ! les cochons, oh ! les cochons !… Vois-tu, n’en faut plus de ces cochons-là !