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NANA

Hugon, j’ai une nouvelle voisine que vous devez connaître.

Et elle nomma Nana. Vandeuvres affecta le plus vif étonnement.

— Comment ! la propriété de Nana est près d’ici !

Fauchery et Daguenet, également, se récrièrent. Le marquis de Chouard mangeait un blanc de volaille, sans paraître comprendre. Pas un des hommes n’avait eu un sourire.

— Sans doute, reprit la vieille dame, et même cette personne est arrivée hier soir à la Mignotte, comme je le disais. J’ai appris ça ce matin par le jardinier.

Du coup, ces messieurs ne purent cacher une très réelle surprise. Tous levèrent la tête. Eh quoi ! Nana était arrivée ! Mais ils ne l’attendaient que le lendemain, ils croyaient la devancer ! Seul, Georges resta les cils baissés, regardant son verre, d’un air las. Depuis le commencement du déjeuner, il semblait dormir, les yeux ouverts, vaguement souriant.

— Est-ce que tu souffres toujours, mon Zizi ? lui demanda sa mère, dont le regard ne le quittait pas.

Il tressaillit, il répondit en rougissant que ça allait tout à fait bien ; et il gardait sa mine noyée et gourmande encore de fille qui a trop dansé.

— Qu’as-tu donc là, au cou ? reprit madame Hugon, effrayée. C’est tout rouge.

Il se troubla et balbutia. Il ne savait pas, il n’avait rien au cou. Puis, remontant son col de chemise :

— Ah ! oui, c’est une bête qui m’a piqué.

Le marquis de Chouard avait jeté un coup d’œil oblique sur la petite rougeur. Muffat, lui aussi, regarda Georges. On achevait de déjeuner, en réglant des projets d’excursion. Fauchery était de plus en