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NANA


— Ah ! je vais te dire. La pluie m’a pris en chemin. Et puis, je n’ai pas voulu remonter jusqu’à Gumières, et en traversant la Choue, je suis tombé dans un sacré trou d’eau.

Du coup, Nana oublia les fraises. Elle était toute tremblante et apitoyée. Ce pauvre Zizi dans un trou d’eau ! Elle l’entraînait vers la maison, elle parlait de faire un grand feu.

— Tu sais, murmura-t-il en l’arrêtant dans l’ombre, je me cachais, parce que j’avais peur d’être grondé comme à Paris, quand je vais te voir sans être attendu.

Elle se mit à rire, sans répondre, et lui posa un baiser sur le front. Jusqu’à ce jour, elle l’avait traité en gamin, ne prenant pas ses déclarations au sérieux, s’amusant de lui comme d’un petit homme sans conséquence. Ce fut une affaire pour l’installer. Elle voulut absolument qu’on allumât le feu dans sa chambre ; on serait mieux là. La vue de Georges n’avait pas surpris Zoé, habituée à toutes les rencontres. Mais le jardinier, qui montait le bois, resta interloqué en apercevant ce monsieur ruisselant d’eau, auquel il était certain de ne pas avoir ouvert la porte. On le renvoya, on n’avait plus besoin de lui. Une lampe éclairait la pièce, le feu jetait une grande flamme claire.

— Jamais il ne séchera, il va s’enrhumer, dit Nana, en voyant Georges pris d’un frisson.

Et pas un pantalon d’homme ! Elle était sur le point de rappeler le jardinier, lorsqu’elle eut une idée. Zoé, qui défaisait les malles dans le cabinet de toilette, apportait à madame du linge pour se changer, une chemise, des jupons, un peignoir.

— Mais c’est parfait ! cria la jeune femme, Zizi peut mettre tout ça. Hein ? tu n’es pas dégoûté de