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— Ah ! vraiment, interrompit Flavie, avec un sourire dédaigneux.

— Oui, sur un pied d’égalité complète… Vous avez besoin d’un nom pour cacher une faute que je ne me permets pas de juger, et je vous donne le mien. De mon côté, j’ai besoin d’une mise de fonds, d’une certaine position sociale, pour mener à bien de grandes entreprises, et vous m’apportez ces fonds. Nous sommes dès aujourd’hui deux associés dont les apports se balancent, nous avons seulement à nous remercier pour le service que nous nous rendons mutuellement.

Elle ne souriait plus. Un pli d’orgueil irrité lui barrait le front. Pourtant elle ne répondit pas. Au bout d’un silence, elle reprit :

— Vous connaissez mes conditions ?

— Non, madame, dit Nantas, qui conservait un calme parfait. Veuillez me les dicter, et je m’y soumets d’avance.

Alors, elle s’exprima nettement, sans une hésitation ni une rougeur.

— Vous ne serez jamais que mon mari de nom. Nos vies resteront complètement distinctes et séparées. Vous abandonnerez tous vos droits sur moi, et je n’aurai aucun devoir envers vous.

À chaque phrase, Nantas acceptait d’un signe