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dans la stupeur de tout ce qui lui arrivait, répétait d’une voix lente qu’elle ne savait pas l’adresse, mais que pour sûr on l’aurait à la préfecture de police. Enfin, Damour, qui s’était installé sur une chaise, dont il jurait que le diable ne le ferait pas bouger, se leva brusquement ; et, après un dernier coup de poing, plus violent que les autres :

— Eh bien ! tonnerre de Dieu ! je m’en vais… Oui, je m’en vais, parce que ça me fait plaisir… Mais tu ne perdras pas pour attendre, je reviendrai quand ton homme sera là, et je vous arrangerai, lui, toi, les mioches, toute ta sacrée baraque… Attends-moi, tu verras !

Il sortit en la menaçant du poing. Au fond, il était soulagé d’en finir ainsi. Berru, resté en arrière, dit d’un ton conciliant, enchanté d’être dans ces histoires :

— N’ayez pas peur, je ne le quitte pas… Il faut éviter un malheur.

Même il s’enhardit jusqu’à lui saisir la main et à la baiser. Elle le laissa faire, elle était rompue ; si son mari l’avait prise par le bras, elle serait partie avec lui. Pourtant, elle écouta les pas des deux hommes qui traversaient la boutique. Un garçon, à grands coups de couperet, taillait un