Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de se jeter au cou de Félicie, avec toute une explosion de joie.

— Bonjour, petite mère, nous sommes allés au jardin, là-bas, au bout de la rue… Françoise a dit comme ça qu’il fallait rentrer… Oh ! si tu savais, il y a du sable, et il y a des poulets dans l’eau…

— C’est bien, laissez-moi, dit la mère rudement.

Et, appelant la bonne :

— Françoise, remmenez-les… C’est stupide, de rentrer à cette heure-ci.

Les enfants se retirèrent, le cœur gros, tandis que la bonne, blessée du ton de Madame, se fâchait, en les poussant tous deux devant elle. Félicie avait eu la peur folle que Jacques ne volât les petits ; il pouvait les jeter sur son dos et se sauver. Berru, qu’on n’invitait point à s’asseoir, s’était allongé tranquillement dans le second fauteuil, après avoir murmuré à l’oreille de son ami :

— Les petits Sagnard… Hein ? ça pousse vite, la graine de mioches !

Quand la porte fut refermée, Damour donna un autre coup de poing sur la commode, en criant :

— Ce n’est pas tout ça, il me faut ma fille, et je viens pour te reprendre.