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— Non, il y a deux ou trois passages où l’on se mouille les pieds, voilà tout.

Mais M. Chabre ne voulait plus même se mouiller les pieds. Depuis son bain de la pêche aux crevettes, il nourrissait contre la mer une rancune. Aussi se montra-t-il très hostile à ce projet de promenade. C’était ridicule d’aller se risquer ainsi ; lui, d’abord, ne descendrait pas au milieu de ces rochers, car il n’avait point envie de se casser les jambes, en sautant comme une chèvre ; il les accompagnerait par le haut de la falaise, s’il le fallait absolument ; et encore faisait-il là une grande concession.

Hector, pour le calmer, eut une inspiration soudaine.

— Écoutez, dit-il, vous passerez devant le sémaphore du Castelli. Eh bien ! vous pourrez entrer et acheter des coquillages aux hommes du télégraphe… Ils en ont toujours de superbes, qu’ils donnent presque pour rien.

— Ça, c’est une idée, reprit l’ancien marchand de grains, remis en belle humeur… J’emporterai un petit panier, je m’en bourrerai encore une fois…

Et, se tournant vers sa femme, avec une intention gaillarde :