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fond du filet. Avec de grands cris, elle appela Hector pour qu’il l’aidât, car ces bêtes si vives l’inquiétaient ; mais, quand elle vit qu’elles ne bougeaient plus, dès qu’on les tenait par la tête, elle s’aguerrit, les glissa très bien elle-même dans le petit panier qu’elle portait en bandoulière. Parfois, elle amenait tout un paquet d’herbes, et il lui fallait fouiller là-dedans, lorsqu’un bruit sec, un petit bruit d’ailes, l’avertissait qu’il y avait des crevettes au fond. Elle triait les herbes délicatement, les rejetant par minces pincées, peu rassurée devant cet enchevêtrement d’étranges feuilles, gluantes et molles comme des poissons morts. De temps à autre, elle regardait dans son panier, impatiente de le voir se remplir.

— C’est particulier, répétait M. Chabre, je n’en pêche pas une.

Comme il n’osait se hasarder entre les fentes des rochers, très gêné d’ailleurs par ses grandes bottes qui s’étaient emplies d’eau, il poussait son filet sur le sable et n’attrapait que des crabes, cinq, huit, dix crabes à la fois. Il en avait une peur affreuse, il se battait avec eux, pour les chasser de son filet. Par moments, il se retournait, regardait avec anxiété si la mer descendait toujours.