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— À gauche ! lui cria Hector.

Il avança à gauche ; mais, comme il enfonçait toujours, il s’arrêta de nouveau, saisi, n’ayant même plus le courage de retourner en arrière. Il se lamentait.

— Venez me donner la main. Je vous assure qu’il y a des trous. Je les sens.

— À droite ! monsieur Chabre, à droite ! cria Hector.

Et le pauvre homme était si drôle, au milieu de l’eau, avec son filet sur l’épaule et son beau nœud de cravate, qu’Estelle et Hector ne purent retenir un léger rire. Enfin, il se tira d’affaire. Mais il arriva très ému, et il dit d’un air furieux :

— Je ne sais pas nager, moi !

Ce qui l’inquiétait maintenant, c’était le retour. Quand le jeune homme lui eut expliqué qu’il ne fallait pas se laisser prendre sur le rocher par la marée montante, il redevint anxieux.

— Vous me préviendrez, n’est-ce pas ?

— N’ayez pas peur, je réponds de vous.

Alors, ils se mirent tous les trois à pêcher. De leurs filets étroits, ils fouillaient les trous. Estelle y apportait une passion de femme. Ce fut elle qui prit les premières crevettes, trois grosses crevettes rouges, qui sautaient violemment au