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— Je vais lui crier que c’est vous, dit-elle.

Et, lorsqu’elle put être entendue de la jetée, elle haussa la voix.

— Tu sais, mon ami, c’est ce monsieur de Guérande qui a été si aimable.

— Ah ! très bien, très bien, cria à son tour M. Chabre.

Il ôta son chapeau et salua.

— L’eau est bonne, monsieur ? demanda-t-il avec politesse.

— Très bonne, monsieur, répondit Hector.

Le bain continua sous les yeux du mari, qui n’osait plus se plaindre, bien que ses pieds fussent cuits par les pierres brûlantes. Au bout de la jetée, la mer était d’une transparence admirable. On apercevait nettement le fond, à quatre ou cinq mètres, avec son sable fin, ses quelques galets mettant une tache noire ou blanche, ses herbes minces, debout, balançant leurs longs cheveux. Et ce fond limpide amusait beaucoup Estelle. Elle nageait doucement, pour ne pas trop agiter la surface ; puis, penchée, avec de l’eau jusqu’au nez, elle regardait sous elle se dérouler le sable et les galets, dans la mystérieuse et vague profondeur. Les herbes surtout lui donnaient un léger frisson, lorsqu’elle passait au-dessus d’elles.