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II


Un matin, trois jours après l’installation du ménage à Piriac, M. Chabre, debout sur la plateforme de la jetée qui protège le petit port, surveillait placidement le bain d’Estelle, en train de faire la planche. Le soleil était déjà très chaud ; et, correctement habillé, en redingote noire et en chapeau de feutre, il s’abritait sous une ombrelle de touriste, à doublure verte.

— Est-elle bonne ? demanda-t-il pour avoir l’air de s’intéresser au bain de sa femme.

— Très bonne ! répondit Estelle, en se remettant sur le ventre.

Jamais M. Chabre ne se baignait. Il avait une grande terreur de l’eau, qu’il dissimulait en disant que les médecins lui défendaient formellement les bains de mer. Quand une vague, sur le sable,