Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je vous avais averti, a-t-elle repris sans paraître s’arrêter à cette fadeur, je ne suis campagnarde que la première semaine. Maintenant, me voilà redevenue parisienne, je ne puis plus quitter mon lit.

Elle était restée à l’entrée du berceau, comme si elle n’eût pas voulu se risquer dans le noir des feuilles.

— Eh bien ! vous ne venez pas ? a-t-elle fini par me demander. Nous avons à causer.

— Mais on est très bien là, ai-je dit, la voix frémissante. Nous pouvons causer sur ce banc.

Elle a eu encore une hésitation d’une seconde. Puis, bravement :

— Comme vous voudrez. C’est qu’il fait si noir ! Il est vrai que les paroles n’ont pas de couleur.

Et elle s’est assise près de moi. Je me sentais défaillir. L’heure était donc arrivée ! Encore une minute, et je lui prenais les mains. Cependant, toujours très à l’aise elle continuait à parler de sa voix claire, qu’aucune émotion n’altérait.

— Je ne vous remercierai pas en phrases toutes faites. Vous nous avez donné là un bon coup d’épaule, sans lequel nous restions sur le carreau…