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Enfin, fais ce que tu dois faire. Moi, je n’ai qu’à m’en aller, car je ne comprends plus. »

Le lundi et le mardi, j’ai hésité à me rendre aux Mûreaux. Il me semblait qu’il y avait quelque brutalité, à aller si vite chercher des remerciements. D’ailleurs, les enfants ne me gênaient plus. Je m’étais raisonné, en me prouvant que Louise était aussi peu mère que possible. Ne disait-on pas, dans ma province, que les Parisiennes ne sacrifiaient jamais un plaisir à leurs enfants, et qu’elles abandonnaient ceux-ci aux domestiques, pour être libres ? Hier, mercredi, tous mes scrupules ont donc disparu. L’impatience me dévorait. Je suis parti en guerre, dès huit heures.

Mon projet était d’arriver aux Mûreaux comme la première fois, le matin, et de trouver Louise seule, à son lever. Mais, quand je suis descendu de cheval, un domestique m’a dit que madame n’était pas encore sortie de sa chambre, sans m’offrir d’ailleurs d’aller la prévenir. J’ai répondu que j’attendrais.

Et j’ai attendu en effet deux grandes heures. Je ne sais plus combien de fois j’ai fait le tour du parterre. De temps à autre, je levais les yeux vers les fenêtres du premier étage ; mais les per-