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sont vraiment charmantes. C’est le salon élargi et continué sur les pelouses ; non plus le salon d’hiver où l’on est parqué un peu à l’étroit, où les femmes décolletées jouent de l’éventail, au milieu des habits noirs debout le long des murs ; mais un salon en vacances, les femmes vêtues de clair courant librement dans les allées, les hommes en veston osant se montrer bons enfants, un abandon de l’étiquette mondaine, une familiarité qui exclut l’ennui des conversations toutes faites. Je dois confesser cependant que les allures de ces dames continuaient à me surprendre, moi grandi en province parmi des dévotes. Louise, après le déjeuner, comme nous prenions le café sur la terrasse, s’est permis une cigarette. Berthe lâchait des mots d’argot, naturellement. Plus tard, toutes deux ont disparu, avec un grand bruit de jupes, riant au loin, s’appelant, pleines d’une étourderie qui me troublait. C’est sot à avouer, mais ces façons, nouvelles pour moi, me faisaient espérer de la part de Louise un rendez-vous pour une nuit très prochaine. Félix fumait des cigares, paisiblement. Je le surprenais parfois à me regarder de son air railleur.

À quatre heures et demie, j’ai parlé de m’en aller. Louise s’est récriée aussitôt.