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une maison carrée du dix-septième siècle, n’a pas grande importance ; mais le parc est magnifique, avec ses larges pelouses et le bout de forêt qui le termine, si inextricable, que les allées elles-mêmes ont été envahies par les branches.

Quand je suis arrivé à cheval, deux grands chiens m’ont accueilli par des aboiements et des bonds prolongés. Au bout de l’avenue, j’avais aperçu une tache blanche. C’était Louise, en robe claire, en chapeau de paille. Elle n’est pas descendue à ma rencontre, elle est restée immobile et souriante, sur le vaste perron qui monte au vestibule. Il était au plus neuf heures.

— Ah ! que vous êtes charmant ! m’a-t-elle crié. Vous êtes matinal au moins, vous !… Comme vous voyez, je suis encore la seule levée au château.

Je l’ai complimentée de ce beau courage de Parisienne. Mais elle a ajouté en riant :

— Il est vrai que je ne suis ici que depuis cinq jours. Je me lèverais avec les poules, les premiers matins… Seulement, dès la seconde semaine, je reprends petit à petit mes habitudes de paresseuse, je finis par descendre à dix heures, comme à Paris… Enfin, ce matin, je suis encore une campagnarde.