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IV


Je reviens des Mûreaux, et mon esprit est si plein de pensées contradictoires, que moi-même j’ai le besoin de me raconter la journée que je viens de passer près de Louise, pour tâcher de me faire une opinion nette.

Bien que les Mûreaux ne soient qu’à deux lieues du Boquet, je connaissais peu ce coin de notre pays. Nos chasses sont du côté de Gommerville, et comme on fait un assez long détour pour traverser la petite rivière du Béage, je n’étais pas allé par là dix fois en ma vie. Le coteau est pourtant délicieux, avec sa route qui monte, bordée de grands noyers. Puis, sur le plateau, on redescend, et les Mûreaux se trouvent à l’entrée d’un vallon, dont les pentes se resserrent bientôt en une gorge étroite. L’habitation,