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tant plus l’intelligence de sa femme, si elle est, comme on le raconte, la bonne fée de sa fortune.

Pendant ces dix jours d’impatience et de courses vaines, je suis allé cinq ou six fois chez ma tante, espérant toujours une heureuse chance, quelque rencontre imprévue. D’ailleurs, lors de ma dernière visite, j’ai mécontenté la comtesse si vivement, que je n’oserai y retourner de sitôt. Elle s’était mis en tête de m’obtenir une situation dans la diplomatie, par le crédit de M. Neigeon ; et sa stupeur a été grande, lorsque j’ai refusé, en alléguant mes opinions politiques. Le pis était que j’avais accepté, dans le premier moment, lorsque je n’aimais pas Louise et qu’il ne me répugnait pas encore de devoir un bienfait au mari. Aussi, ma tante, qui n’a pu comprendre mon accès de délicatesse, s’est-elle étonnée de ce qu’elle a appelé un caprice d’enfant. Est-ce que des légitimistes, aussi scrupuleux que moi, ne représentent pas la république à l’étranger ? Au contraire, la diplomatie est le refuge des légitimistes ; ils emplissent les ambassades, ils rendent à la bonne cause un service utile, en retenant les hautes situations que les républicains envient. J’étais fort embarrassé pour répondre par de bonnes raisons, je me suis retranché dans un rigorisme ridi-