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ment, en cherchant autour d’elle. Il nous perd tous les dix pas.

Elle parlait de son mari.

— Gaucheraud est là-bas, a tranquillement répondu Félix, qui voyait tout le monde. Il regarde ce grand Christ en sucre, cloué sur une croix de pain d’épices.

En effet, le mari, l’air paisible et désintéressé, faisait pour son compte le tour des salles, les mains derrière le dos. Quand il nous a aperçus, il est venu nous donner une poignée de main ; et il nous a dit de son air gai :

— Avez-vous remarqué ? Il y a là-bas un Christ d’un sentiment religieux vraiment remarquable.

Ces dames s’étaient remises en marche. Nous les suivions avec Gaucheraud. La présence du mari nous autorisait à les accompagner. On a parlé de M. Neigeon : il allait sans doute venir, s’il sortait assez tôt d’une commission, où il devait faire connaître l’avis du gouvernement, sur une question très importante. Gaucheraud s’était emparé de moi et me comblait d’amitiés. Cela me gênait, car je devais répondre. Félix avait souri, en me poussant légèrement le coude ; mais je n’avais pu comprendre. Et il profitait de ce que j’occupais le gros homme pour marcher