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son amie Louise. C’est un joli nom, Louise. Elle portait une robe montante, dont la ruche laissait voir seulement, sous son lourd chignon, la ligne blanche de son cou. Cette blancheur discrète m’a paru, un instant, beaucoup plus provocante que le dos entièrement nu de Berthe. Puis, je n’ai plus eu aucun avis, elles étaient adorables toutes les deux, le choix me semblait impossible, dans l’état de trouble où je me trouvais.

Ma tante, cependant, me cherchait partout. Il était une heure.

— Tu as donc changé de porte ? m’a-t-elle dit. Allons, il ne viendra pas : ce Neigeon sauve la France tous les soirs… Je vais toujours te présenter à sa femme, avant qu’elle parte. Et sois aimable, c’est important.

Sans attendre ma réponse, la comtesse m’avait planté devant madame Neigeon, en me nommant et en lui contant mes affaires d’une phrase. Je suis resté assez gauche, j’ai trouvé à peine quelques mots. Louise attendait, avec son sourire ; puis, lorsqu’elle a vu que je demeurais court, elle s’est inclinée simplement. Il m’a semblé que madame Gaucheraud se moquait de moi. Toutes deux s’étaient levées et se retiraient. Dans l’anti-