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veilla. Où étais-je ? Encore dans le tunnel sans doute. Je me trouvais couché tout de mon long, et je sentais, à droite et à gauche, de dures parois qui me serraient les flancs. Je voulus me lever ; mais je me cognai violemment le crâne. Le roc m’enveloppait donc de toutes parts ? Et la tache bleue avait disparu, le ciel n’était plus là, même lointain. J’étouffais toujours, je claquais des dents, pris d’un frisson.

Brusquement, je me souvins. Une horreur souleva mes cheveux, je sentis l’affreuse vérité couler en moi, des pieds à la tête, comme une glace. Étais-je sorti enfin de cette syncope, qui m’avait frappé pendant de longues heures d’une rigidité de cadavre ? Oui, je remuais, je promenais les mains le long des planches du cercueil. Une dernière épreuve me restait à faire : j’ouvris la bouche, je parlai, appelant Marguerite, instinctivement. Mais j’avais hurlé, et ma voix, dans cette boîte de sapin, avait pris un son rauque si effrayant, que je m’épouvantai moi-même. Mon Dieu ! c’était donc vrai ? je pouvais marcher, crier que je vivais, et ma voix ne serait pas entendue, et j’étais enfermé, écrasé sous la terre !

Je fis un effort suprême pour me calmer et réfléchir. N’y avait-il aucun moyen de sortir de