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tement du filtre, sur la cheminée, m’apprit qu’elle était en train de faire du café.

— Ce n’est pas pour dire, continua-t-elle, mais j’avais besoin de ça… À mon âge, ça ne vaut rien de veiller. Et c’est si triste, la nuit, quand il y a un malheur dans une maison… Prenez donc du café, ma chère, une larme seulement.

Et elle força Marguerite à en boire une tasse.

— Hein ? c’est chaud, ça vous remet. Il vous faut des forces pour aller jusqu’au bout de la journée… Maintenant, si vous étiez bien sage, vous passeriez dans ma chambre, et vous attendrez là.

— Non, je veux rester, répondit Marguerite résolument.

Sa voix, que je n’avais plus entendue depuis la veille, me toucha beaucoup. Elle était changée, brisée de douleur. Ah ! chère femme ! je la sentais près de moi, comme une consolation dernière. Je savais qu’elle ne me quittait pas des yeux, qu’elle me pleurait de toutes les larmes de son cœur.

Mais les minutes passaient. Il y eut, à la porte, un bruit que je ne m’expliquai pas d’abord. On aurait dit l’emménagement d’un meuble qui se heurtait contre les murs de l’escalier trop étroit.