Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mon Dieu ! est-ce que c’est fini ? demanda-t-elle en baissant la voix.

Je compris qu’elle s’approchait. Elle me regarda, me toucha, puis elle reprit avec pitié :

— Ma pauvre petite ! ma pauvre petite !

Marguerite, épuisée, avait des sanglots d’enfant. Madame Gabin la souleva, l’assit dans le fauteuil boiteux qui se trouvait près de la cheminée ; et, là, elle tâcha de la consoler.

— Vrai, vous allez vous faire du mal. Ce n’est pas parce que votre mari est parti, que vous devez vous crever de désespoir. Bien sûr, quand j’ai perdu Gabin, j’étais pareille à vous, je suis restée trois jours sans pouvoir avaler gros comme ça de nourriture. Mais ça ne m’a avancée à rien ; au contraire, ça m’a enfoncée davantage… Voyons, pour l’amour de Dieu ! soyez raisonnable.

Peu à peu, Marguerite se tut. Elle était à bout de force ; et, de temps à autre, une crise de larmes la secouait encore. Pendant ce temps, la vieille femme prenait possession de la chambre, avec une autorité bourrue.

— Ne vous occupez de rien, répétait-elle. Justement, Dédé est allée reporter l’ouvrage ; puis, entre voisins, il faut bien s’entr’aider… Dites donc, vos malles ne sont pas encore complète-