Mais lui restait insensible aux éloges. On eût dit qu’il travaillait sans espoir de récompense, avec la pensée d’entasser les œuvres dans le but unique de tenter l’impossible. Chaque fois qu’il montait plus haut, il consultait le visage de Flavie. Est-ce qu’elle était touchée enfin ? Est-ce qu’elle lui pardonnait son ancienne infamie, pour ne plus voir que le développement de son intelligence ? Et il ne surprenait toujours aucune émotion sur le visage muet de cette femme, et il se disait, en se remettant au travail : « Allons ! je ne suis point assez haut pour elle, il faut monter encore, monter sans cesse. » Il entendait forcer le bonheur, comme il avait forcé la fortune. Toute sa croyance en sa force lui revenait, il n’admettait pas d’autre levier en ce monde, car c’est la volonté de la vie qui a fait l’humanité. Quand le découragement le prenait parfois, il s’enfermait pour que personne ne pût se douter des faiblesses de sa chair. On ne devinait ses luttes qu’à ses yeux plus profonds, cerclés de noir, et où brûlait une flamme intense.
La jalousie le dévorait maintenant. Ne pas réussir à se faire aimer de Flavie, était un supplice ; mais une rage l’affolait, lorsqu’il songeait qu’elle pouvait se donner à un autre. Pour affir-